Minimalisme : le temps, l’espace et l’écologie

Je suis de retour ! (Pour vous jouer un mauvais tour, toussa, Team Rocket)

teamrocket

Je ne sais pas si c’est le fait d’être partie trois semaines, ou l’effet du printemps (il serait temps), ou le fait qu’on en parle pendant tout le mois de juin sur le groupe GBEM, mais ça me démange depuis quelques temps : j’ai envie de faire le vide chez moi.

Je vais donc vous parler de minimalisme !

Le sujet me trotte dans la tête depuis quelques mois, à peu près quand on a commencé à en discuter entre admins du groupe.

Cela dit, je ne vais pas suivre à la lettre le défi, parce que j’ai davantage envie de me concentrer sur le tri par le vide chez moi. Ce sera donc mon challenge du mois, le second du genre (le premier challenge, souvenez-vous, c’était en février avec les 100€ de courses tout bio sur le mois !).
Je vous parle de ce challenge, nommé Minsgame, dans un autre article (cliquez ici !) sinon c’était beaaaucoup trop looong !

En parallèle, je voulais vous parler du minimalisme en général, de ce qu’il implique et de ce qu’il provoque. Ce ne sont, comme d’habitude, que mes opinions perso sur la question  🙂

Temps de lecture : 5 minutes


  • Le temps et l’espace, de nouveaux luxes ?

J’ai l’impression que dans nos sociétés occidentales, le luxe moderne ne se traduit pas (plus) seulement par la possession matérielle. Rolex, jet privé et villa cent-vingt-huit pièces plaquée or.

richRestons dans la tendance Pokemon.

De nouveaux luxes modernes sont apparus, en tous cas pour les citadins : le temps, et l’espace.

Le temps, parce qu’il devient difficile d’avoir du temps pour soi, pour faire ce qui nous passionne, ce qui nous inspire ou nous rend heureux.
Et quand on a la possibilité de le faire, il arrive qu’on culpabilise à moitié -parce que ce temps-là n’est pas valorisé comme l’est le temps où l’on travaille. C’est du temps « libre », du « loisir » donc par définition plus futile. Comme si tu ne pouvais vraiment connaître la vie QUE si tu bosses dur dans un boulot que t’aimes pas. Joie et allégresse.

workingcatComme ce chat. Ce chat travaille dur, ce chat n’a pas de temps libre, c’est un citoyen modèle.

L’espace, parce qu’on a besoin d’avoir l’espace de s’épanouir. Or, quand se loger est compliqué (par manque de moyens ou d’opportunité), on n’a pas toujours l’espace que l’on souhaite.
Quand on n’a pas forcément les moyens d’avoir une maison de 200m² à Paris, pour avoir un peu plus d’espace, le plus simple c’est quand même de … faire le vide. Si je débarrasse mon chez-moi du superflu, j’aurai tout de suite l’impression d’avoir plus de place ! (Testé et approuvé).

screenAutre méthode, non testée ni approuvée cette fois.

On n’a pas toujours conscience de ce qu’on accumule, tant sur le plan matériel (les objets) que temporel (amas d’activités, de rendez-vous, etc … qui au fond, nous soûlent plus ou moins et qu’on vit comme des corvées).

Si sur le plan matériel, le but c’est de se débarrasser du superflu pour mieux se concentrer sur ce qui nous est utile ou nous fait plaisir, c’est la même chose pour le temporel. Alors je dis pas qu’il faut immédiatement quitter son job si on ne l’aime pas ^^  Je parle ici de mieux utiliser son temps libre. Simplifier les activités relou (genre les courses) pour mieux profiter du temps qui reste à côté.

runSi votre truc c’est de courir dans des champs de fleurs jaunes, libre à vous. 

Par exemple, si je désencombre mon intérieur :

  • je gagne de la place (puisque j’ai moins d’objets)
  • je gagne du temps (puisque j’ai moins de choses à ranger, à nettoyer, à entretenir …)

Simplifier et rationaliser la manière dont on occupe notre espace et notre temps permet ensuite de mieux profiter de ce qu’on a choisi de conserver.

Un exemple tout bête. On a donc changé notre manière de faire les courses : au lieu de faire trois ou quatre petits sauts au supermarché dans la semaine, on va une seule fois à la Biocoop. On gagne du temps (de l’argent aussi, mais c’est un autre sujet), et en plus faire les courses est devenu beaucoup moins désagréable. Faut dire que l’ambiance Biocoop, même en plein Paris, ça n’a rien à voir avec le stress du supermarché.

maggieGenre au supermarché on peut scanner ton bébé. Il paraît.


  • Le minimalisme, une question purement matérielle ?

Quand on dit « minimalisme », on pense souvent au style de déco ultra épuré, genre une table blanche avec un unique soliflore (blanc) dessus, et éventuellement une unique fleur (blanche) dans le soliflore.

minimalismComme ça, par exemple (source)

Alors oui, le minimalisme fait référence à quelque chose d’épuré, de volontairement simple (et de simplicité volontaire, #référence), d’un peu éthéré, même.

Mais bien évidemment, on ne peut pas le résumer à ça !

Le terme « minimalisme » est lié à un courant artistique contemporain dont la devise -désormais très connue- s’apparente à « less is more« .
Cette devise évoque une notion que j’aime beaucoup, à savoir que le « peu » suffit à faire beaucoup. On parle un peu de valeur absolue de l’objet, en somme (ou de la couleur, ou du mot), dans le sens où il se suffit à lui-même, sans avoir besoin de fioriture ou d’écrin.

artExemple en peinture : Ad Reinhardt (source)

C’est dire qu’au final, tu n’as pas besoin d’avoir des placards débordant de bric-à-brac pour prendre la mesure de chaque objet. Au contraire.
(Exemple déclinable avec la peinture, la musique … Tu n’as pas besoin de milliers de couleurs ou de soixante-deux instruments pour prendre la mesure de chaque nuance dans un tableau ou de chaque note dans une mélodie). C’est beau ce que je dis.

Au fur et à mesure, on a rapproché l’aspect design du minimalisme, du danshari japonais (断捨離, néologisme de l’auteur japonais Hideko Yamashita, qui signifie grosso modo « refuser – jeter – séparer ») : l’art du rangement.
[Là je vous renvoie allègrement à Dominique Loreau (que je n’ai pas lu, je n’ai pas aimé le style d’écriture, je réessaierai plus tard !), Marie Kondo et consorts. Elles en parlent bien mieux que moi !]

La minute japonisante : on a tendance à imbriquer « minimalisme » et art de vivre japonais. Sans doute parce que le zen japonais élabore une philosophie de vie qui veut qu’un intérieur simple, clair, apaise l’esprit.

japaneseComme ça.

Petit à petit, on a donc assimilé le minimalisme à l’idée d’une simplicité, d’une clarté de son intérieur par un choix volontaire de posséder moins pour vivre plus.
Tout cela part d’une idée très simple : plus on possède de choses, plus les choses nous possèdent.

Si, comme moi, vous avez une tendance naturelle à accumuler, vous comprenez sans doute ce qu’on veut dire par là : plus on a d’objets, plus il faut s’en occuper, les ranger, les nettoyer, les entretenir, c’est la corvée si on déménage, etc. Et surtout, à force d’accumuler, d’entasser, on ne prête plus attention à ce qu’on a déjà.

Exemple simple et rapide : on est beaucoup à avoir une garde-robe de taille raisonnable, voire conséquente, voire qui déborde. Et pourtant, ça ne vous arrive jamais de ne quand même pas savoir quoi mettre le matin ? Ou de retrouver, après six mois, un pull que vous aimez bien roulé en boule derrière quatorze autres que vous aimez moins ? (Alors qu’en plus on met souvent les mêmes vêtements hein …)

garderobeMoi le matin.

Si on limite le nombre d’objets chez soi, on se dégage donc de tout cela. On réapprend à apprécier les choses qu’on aime, et pleinement (puisque le but c’est de ne garder que les choses qu’on aime vraiment et/ou qui nous sont utiles).

Donc le minimalisme part donc d’une considération étroitement liée au matériel. Évidemment.

Mais toute personne qui a déjà entamé un désencombrement de son intérieur vous le dira (et moi la première) : quand on désencombre sa maison, on clarifie en même temps son esprit, et même (soyons fous) sa manière de percevoir le monde.
Plus tu te passes de la futilité, plus tu perçois à l’extérieur.

À titre personnel, tout a commencé quand j’ai déménagé. En attendant de trouver un appartement, j’ai stocké la majorité de mes cartons chez ma mère, et j’ai emporté chez mon copain quelques fringues, deux poêles et un shampooing (grosso modo).

C’est là que je me suis rendu compte qu’en fait, je n’avais absolument pas besoin de tous mes cartons pour être bien … Alors j’ai fait un tri quand on a emménagé.

movingMoi à moi-même lors du déménagement. Même si je n’ai pas de Furbys.

Bref, après avoir fait le vide dans mes affaires, j’ai ressenti un effet de contagion -mais en bien, hein. J’ai fait le ménage dans mes finances, dans mes contacts aussi, dans ce que je voulais pour moi, etc.

En somme, le minimalisme commence souvent par le matériel, puis se propage par une espèce de capillarité à plein d’autres aspects de la vie. Parce que quand on se rend compte qu’on y voit plus clair chez soi quand on a fait le tri, on a envie que la même chose s’applique ailleurs. Histoire d’avoir une belle notion de son espace perso, mais aussi de son temps.

C’est bien expliqué dans cette infographie trouvée au hasard sur le net.

La perfection est atteinte, non pas quand il n’y a plus rien à ajouter, mais quand il n’y a plus rien à enlever. – Antoine de Saint-Exupéry

Amen.


  • C’est quoi le rapport avec l’écologie ?

Si on se figure le minimalisme comme un simple style de design, le lien ne saute pas aux yeux. Mais si on comprend bien le minimalisme comme un style de vie, une philosophie ou un idéal qui nous sert d’inspiration, c’est tout de suite plus clair.

J’ai moins d’objets : j’ai donc moins de choses à entretenir, et j’utilise donc moins de ressources pour entretenir ce que j’ai déjà (ménage, lessives, etc). Pratique !

Par ailleurs, je trouve qu’on prend vite goût au minimalisme, qui a rapidement un impact très direct sur la consommation.
Quand on voit qu’on peut vivre de manière plus simple, en diminuant le matériel mais en gagnant en qualité de vie, quand on remarque que vivre dans un environnement plus épuré (je ne parle pas de vide, mais juste de quelque chose de moins encombré) rend plus serein, et bien on réfléchit à deux fois avant de faire rentrer de nouveaux objets chez soi … et donc on achète moins !

homerFaut quand même pas déconner.

Réfléchir avec l’idée du minimalisme en tête, c’est donc une autre manière de revoir sa consommation, de la diminuer, de la rationaliser. Et je ne vous ferai pas l’affront de vous refaire un laïus sur le lien en écologie et consommation (on en avait parlé ici, , , ou encore !).

On se rend vite compte qu’on n’a pas besoin d’acheter tout le temps (et donc de consommer des ressources) pour être bien chez soi et en soi ; qu’il est très gratifiant d’improviser avec ce qu’on a (l’art du kufu pour les japonisants) plutôt que de céder à la norme de l’immédiateté et de la logique « je jette-je rachète ». On ralentit. On regarde, malgré soi parfois (je parle de moi là), du côté de la frugalité et de la simplicité volontaire.

Et ça fait du bien.


Pour suivre le challenge minimalisme :

9 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Pour ma part, j’ai longtemps été un minimaliste sans le savoir (tout ce que je possédais rentrait dans une grosse valise), puis je suis devenu un boulimique des livres pendant une dizaine d’années… ces derniers mois j’ai revendu ou donné tous ceux que je n’aurais pas relus de toute façon (ça en faisait un sacré paquet ! ), mais il m’en reste encore pas mal…

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  2. David dit :

    J’ai pas mal de chemin à faire encore de ce côté-là ! En effet, j’ai longtemps été minimaliste sans le savoir (tout ce que je possédais rentrait dans une grosse valise), puis un peu boulimique/collectionneur sur les livres pendant une dizaine d’années… Ces derniers mois, j’ai revendu ou donné tous les bouquins que je n’aurais pas relu de toute façon (et ça représentait un bon paquet de livres)… Mais il m’en reste encore pas mal ! 🙂

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  3. annsocuisine dit :

    Je deviens peu à peu minimaliste même si j’ai encore beaucoup trop de chose à la maison (lol) il faut que je me relance dans un désencombrement mais mon point négatif principal c’est monsieur maître dans l’art de la consommation, non compréhension du minimalisme… donc quand je me sépare de quelque chose qui m’appartient il bouche le trou avec un nouveau truc pour lui c’est pesant…

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  4. Agathe dit :

    A la maison c’est peut être pas minimaliste, mais simplifié quand même. Et quand je vais chez quelqu’un avec trop de bazar je me sens moins bien. Pour les courses j’ai tendance à aller à plein d’endroits différents, à pied de chez moi je n’ai qu’un supermarché, pour le supermarché bio c’est vélo (et une côte) ou voiture. Du coup je fais boutique zéro déchet sur le temps de midi parfois + supermarché + AMAP + complément fruits/légumes dans une petite boutique + boulangerie. Mais globalement ce n’est pas une contrainte.

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    1. Wildwildwaste dit :

      Un peu comme toi, ici 🙂 On a plusieurs endroits pour faire les courses mais ce n’est pas (plus) une contrainte. Je préfère faire Biocoop + AMAP + boulangerie + fromagerie, c’est plus agréable que tout au supermarché ^^

      Dit comme ça, on dirait que ça n’a rien simplifié du tout, mais en fait on a retrouvé du plaisir à faire les courses, plaisir qu’on avait pas du tout quand on n’allait qu’au supermarché. Donc ça change la donne (et ce n’est pas vraiment plus long ^^)

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