Guide du Noob #4 – Les bases de l’alimentation bio : Pourquoi manger bio ?

« Mangez des pommes ! » qu’il disait. Oui, mais des bio c’est mieux !

Vous avez sans doute entendu Archibald* prononcer l’une des phrases suivantes :

*Mais si, souvenez-vous d’Archibald, je vous l’avais présenté dans cet article ! C’est celui qui n’est jamais d’accord avec ce que vous faites et qui trouve toujours à redire !

– Le bio, c’est trop cher !
– Le bio, ça sert à rien, y’a aussi des pesticides dedans et puis t’façons les champs d’à côté ils sont pas bio
– Le bio c’est de l’arnaque
– Le bio c’est juste pour se donner bonne conscience
– Et puis le bio c’est trop cher, c’est pour les riches (tu l’as déjà dit Archie).

radoterMoi quand Archie radote

Pourtant, l’agriculture bio est ultra importante dans une démarche écologique : pour notre santé, celle de l’agriculteur ou de l’ouvrier, et celle de la planète.
Mais, on est d’accord, il n’est pas toujours facile de s’élancer dans une Biocoop, armé de son porte-monnaie et de son bel espoir.
Alors on reprend les bases ! Viens Archibald, prend une petite infusion bio, glisse-toi sous ce plaid bio, et laisse-moi te raconter une histoire bio sur l’alimentation bio !

Attention, on ne parle ici que d’alimentation 🙂 Pour les produits cosmétiques, ménagers, etc … Je vous laisse consulter le reste du blog !

À la base, j’avais fait un seul article, mais il était teeeeellement long que même avec mon habitude d’en écrire des tartines, j’ai jugé que c’était too much.

Voici donc la 1ère partie de ce chapitre sur l’alimentation bio, dédiée aux raisons pour lesquelles on mange bio !

Dans le prochain épisode, on s’attardera sur les aspects pratiques 🙂



Temps de lecture : 5 minutes


Quelques principes de base …

  • C’est quoi le bio ?

La volonté des professionnels du secteur voudrait que je dise « la bio » (pour « l’agriculture bio ») alors je vais essayer de le faire mais je ne garantis pas des lapsus de temps en temps !

Bref, l’agriculture bio, c’est « une méthode de production agricole qui exclut le recours à la plupart des produits chimiques de synthèse, utilisés notamment par l’agriculture industrielle et intensive depuis le début du XXe siècle, les organismes génétiquement modifiés par transgénèse, et la conservation des cultures par irradiation » (merci Wikipedia).

wikipedia

À priori, une agriculture plus saine, du coup, si elle n’utilise pas la plupart des produits chimiques couramment employés dans l’agriculture traditionnelle -et qui ne sont pas vraiment des sucres d’orge pour notre santé, vous le savez bien (on pourrait reparler des scandales des perturbateurs endocriniens, du Round Up et des glyphosates, du Fipronil sur les oeufs, et j’en passe, mais pas le temps hein !).

Cela dit, attention, « bio » ne veut pas dire « sans aucun pesticide » !
Certains pesticides sont autorisés en agriculture biologique, en fonction du cahier des charges du label concerné. Plus d’infos ici, ou encore .

Mais entre la ribambelle de machins bien dégueus utilisés à grands coups d’arrosoirs automatiques sur les cultures conventionnelles ; et les quelques produits toujours autorisés par certains labels -bref, entre le pire du pire et le « un peu moins pire » (#payetonfrançais), je pense qu’il faut faire le choix qui s’impose.

choiceMerci, merci.


  • C’est quoi les labels ?

Excellente question mon petit Archibald !

Un label, c’est une « garantie » qui indique au consommateur que le produit qu’il achète a respecté un certain cahier des charges, c’est-à-dire certains critères (d’origine, de fabrication, d’élevage …).

En bio, il existe de multiples labels : des faux (on en avait parlé ici, gare au greenwashing !), des pas très sévères, des moyens, des stricts, des ultra stricts …

EU_Organic_Logo_Colour_54x36mm  Y’a de quoi s’y perdre un peu …

Choisir un label, c’est choisir une qualité de bio. Par exemple, le label européen est beaucoup plus laxiste que le label Nature & Progrès ou Déméter.
Se renseigner sur un label est une bonne première démarche !

Parce qu’il n’existe donc pas qu’une seule agriculture bio. La diversité des labels le montre bien !
Au moins, les labels permettent d’encadrer la bio, de donner certaines garanties au consommateur. Contrairement au « raisonné », qui est un terme en vogue mais pas du tout encadré (ce n’est qu’un adjectif), qui ne bénéficie d’aucune charte ni cahier des charges.
Grosso modo, à moins d’avoir le nez collé H24 sur le champ du producteur, vous êtes obligé de le croire sur parole s’il dit qu’il n’utilise qu’une quantité limitée de pesticides …

Attention, ne pas confondre avec les productions en conversion qui, elles, sont sur la voie de la certification bio 🙂

> Des infos sur les différents labels ici
> Ou bien là !


Pourquoi acheter sa nourriture bio ?

  • Pour sa santé

Les multiples scandales sanitaires liés à l’utilisation de pesticides, d’herbicides, d’engrais … en agriculture conventionnels sont suffisamment révélateurs pour qu’on puisse se dire que ce type d’agriculture n’est pas super super fifou pour la santé.

poisonON NOUS MENT #theorieducomplot

En agriculture maraîchère comme en élevage animal, l’utilisation de méthodes très éloignées du cycle naturel a des répercussions sur notre santé à nous, une fois nos aliments dans nos assiettes.
On pense souvent au scandale de la vache folle, aux poulets à la dioxine, aux antibiotiques encore présents dans la viande de porc …
Mais l’agriculture maraîchère n’est pas épargnée, on l’a vu plus haut (engrais, pesticides, ajouts et adjuvants issus de la pétrochimie et aux conséquences désastreuses sur la santé …).

Alors certes, on vous répètera souvent qu’en bio, certains pesticides sont utilisés.
Mais entre un truc complètement pourri et un truc un peu moins pourri, perso mon choix est vite fait.
Si vous avez le choix entre une chaussure sans semelle, sans lacets, et trouée ; et une chaussure où il manque juste un lacet, vous prenez bien la seconde non ?
Par contre si tout le monde continue de ne prendre QUE la chaussure toute pétée, pourquoi le fabricant se casserait la tête à proposer des chaussures un peu plus correctes ?
(Bon je sais, vous allez me dire « l’idéal c’est quand même d’avoir deux chaussures en bon état nan ? », mais vous voyez ce que je veux dire, laissez-moi)

explain« Plus tu t’expliques, pire c’est ». L’histoire de ma vie.


  • Pour la santé des autres

Si vous-mêmes, en mangeant vos tomates au formol produites dans les serres d’Almeria, vous vous abimez la santé, que dire de l’ouvrier agricole qui respire toute la journée les vapeurs de produits chimiques déposés sur les tomates ?

masque« Tu ne peux rien faire, sauf arrêter de respirer » – Ou comment régler tous les problèmes de pollution de l’air.

Le fait qu’on ne connaisse pas personnellement cet ouvrier agricole justifie-t-il le fait de cautionner la dégradation de sa santé, au seul motif qu’on considère l’accès aux tomates en novembre comme un droit inaliénable ?

Enfin j’dis ça, j’dis rien …


  • Pour la planète

L’utilisation massive de pesticides et d’engrais a pour but de produire en très grandes quantité sur une surface limitée.
Du coup, tout ce joyeux manège mène allègrement à l’épuisement des sols : la terre, forcée à grandes doses de chimie, de produire non-stop, n’a pas le temps de se  régénérer.

Elle a donc de plus en plus de mal à produire. Ce qui pose l’évident problème de la durabilité de ce mode d’agriculture. Dans 25, 50, 100 ans, quelle proportion de nos terres arables sera encore capable de produire la moindre carotte ?

Dans un contexte de croissance importante de la population humaine sur la planète, se pose donc la fatidique question : comment va-t-on nourrir de plus en plus de gens avec des terres agricoles en diminution ? (et sans passer à la nourriture chimique hein, je parle de vraie pizza primavera, pas d’une gélule goût pizza)

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Illustration issue de ce guide dont je vous reparlerai dans le prochain article.

Au-delà de ça, se pose aussi la question de l’importance stratégique des terres arables. De la même manière que l’eau potable, la terre fertile devient rare et donc source de mouvements de population (à lire ici, l’article date un peu mais est toujours -malheureusement- d’actualité).

Et puis évidemment, on ne pouvait pas se demander « pourquoi manger bio » sans parler de la pollution des sols, mon cher Archie !
Les pesticides utilisés en agriculture conventionnelle conduisent à une pollution durable des sols, terres, nappes phréatiques, cours d’eau

En achetant davantage de bio, on évite de cautionner cette destruction des ressources naturelles, à un moment où ces ressources s’amenuisent et deviennent stratégiques pour la survie de nombreuses populations.

lifePas sûr qu’on puisse en dire autant des populations sans terres …

> À lire ici (CNRS – Dégradations : la pollution par les pesticides)
> Ou là (Le Monde – L’Atlas de la France toxique)
> Ou ici (Wikipedia – Effets des pesticides sur l’environnement)
> Ou encore là (source Ministère – Les pesticides dans les eaux douces)


Et voilà pour la première partie ! Dans le prochain article, on essaiera d’aborder le vif du sujet : où acheter bio ? Comment consommer bio sans revendre toutes ses stock-options ? (si vous avez des stock-options, sinon votre belle-mère ça marche aussi)

Et vous, c’est quoi vos raisons de consommer bio ?

Pic : Katie Smith – Unsplash

9 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Ahah dit :

    Je vais faire un peu la rabat-joie. Pardon de jouer les Archie de service 🙂

    J’ai bien compris la métaphore de la chaussure trouée et c’est vrai que la plupart du temps, manger bio, même si ce n’est pas parfait, c’est toujours mieux que manger du conventionnel.

    Mais je crois qu’il ne faut pas rentrer dans une démarche de sur-simplification bio = bien / conventionnel = pas bien.

    Evidemment, les dégâts de l’agriculture conventionnelle ne peuvent pas être niés. Cela dit, la solution ne passe pas forcément par se dire juste « j’achète bio et ça ira bien comme ça ». C’est pas si simple… Car le lieu où est produit la nourriture impacte lui aussi lourdement l’addition pour la planète. Entre la banane bio en monoculture de l’autre bout de la planète et le chou chez un maraîcher en conventionnel du champs d’à côté qui fait de la rotation de culture et fait gaffe à l’eau, pour la planète je pense que le chou conventionnel reste moins impactant.
    Du coup attention au raccourci bio = moins d’épuisement des sols et meilleur pour la planète.

    Pourquoi ?
    – Parce que la bio industrielle participe aussi largement à la captation des ressources en eau (ben vi)
    – Parce que la bio industrielle participe aussi largement à l’épuisement des sols (la monoculture est super risquée, que ce soit en bio ou en conventionnel)
    – Parce que le CO2 émis par le transport si on n’achète pas local participe au réchauffement climatique qui, si je ne dis pas de bêtise, est plus responsable de la disparition des terres arables que l’agriculture (donc ta banane de l’autre bout du monde bio, à part te donner bonne conscience, n’a pas un très gros impact pour le bien de la planète…)

    Du coup qu’est-ce qu’on fait ?
    – On évite le gaspillage alimentaire… quand on sait que quasiment la moitié de ce qui est produit est gaspillé ! Et ça passe par ne pas jeter, mais aussi acheter des trucs moches ou en voie de péremption rapide par exemple
    – On évite tout ce qui vient de loin, bio ou pas. tant pis pour les graines de chia, le quinoa et tout ce genre de trucs
    – On achète bio ET local dès que possible

    (J’espère que ce post ne fera pas trop leçon de morale / moi je sais tout mieux que tout le monde, mais je crois que l’article aurait mérité d’être un peu plus densifié… oui je t’encourage à écrire plus !!!)

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    1. Wildwildwaste dit :

      Tu fais bien de préciser tout ça, j’en reparle justement dans l’article suivant 🙂

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