Douche et déchets #2 – Les règles d’or

(C’est un jeu de mot ! Tu l’as ?)

Allez, après la première partie, parlons peu, parlons menstrues ! C’est un peu le marronnier des blogs branchés écologie, celui-là …
Mais comment ne pas y penser ? Déjà, parce que ça fait partie de la vie (déso pas déso pour ceux qui trouvent ça dégueu d’en parler -votre maman elle avait ses règles aussi hein 😀 Du coup désolée, on va parler assez crûment, je n’ai pas la patience de faire dans la métaphore !)
Mais aussi parce que nos règles ont un impact écologique absolument pas négligeable.

Alors on va en parler, là, maintenant, et même que je vais un peu raconter ma vie (comment ça « comme d’habitude ? »).

Disclaimer : les alternatives proposées ne sont que des propositions, justement 🙂 Chacun sa route, chacun son chemin, toussa. Les premières fois où j’ai entendu parler de ces alternatives, je m’étais dit « jamais de la vie, MOI VIVANTE JAMAIS ». C’est normal, c’est une réaction logique quand on sort de sa zone de confort et du schéma qu’on a toujours connu. De même, toutes les solutions ne conviennent pas à tout le monde : faut tester !

Ce ne sont donc ici que des pistes de réflexion !

 

Pour rappel, les autres épisodes :

 

Temps de lecture : 6 minutes


  • Pourquoi c’est pas glop ?

1) Les protections périodiques contiennent des substances toxiques
Ce n’est plus un scoop … Depuis des années, on en parle dans les médias.

En 2016, 60 millions de consommateurs avait sorti une étude sur le sujet. Insecticides, dérivés chlorés, susbstances cancérigènes, dioxines, et même de l’herbicide dans un produit bio ! Voilà ce qui avait été retrouvé dans les tampons et serviettes du commerce.
Sans compter non plus les produits parfumés, serviettes ou tampons (seriously ?!? des TAMPONS parfumés ?!?) .

obama-whatSi même Obama trouve ça chelou …

Il y a quelques jours, France 5 diffusait également un documentaire sur le syndrome du choc toxique, affection mortelle qui est étroitement associée au port du tampon.

Rappelons qu’aucune réglementation n’oblige les fabricants à indiquer la composition sur leurs produits …

mr-burnsLes fabricants de tampons, vue d’artiste.

Et donc, on porte ces produits sur nous, voire à l’intérieur de nous (pour les tampons) des heures durant, pendant des jours, qui se transforment en années mis bout à bout.
Je sais pas vous, mais moi ça me perturbe un peu.

2) Les protections hygiéniques génèrent une importante quantité de déchets
Évidemment. À chaque cycle, on jette des serviettes, des tampons, des applicateurs parfois, des lingettes pour certaines …

Calculons.
Pour un cycle moyen de 7 jours, disons que j’utilisais 3 tampons et 3 serviettes par jour. Moyenne basse hein ! On a donc 21 tampons et 21 serviettes par semaine.
Soit 504 protections par an. Avec le plastique qui les emballe.
Une femme a ses règles en moyenne pendant 38 ans : coucou les 19 152 protections périodiques qui finissent à la déchaaaarge ! Une équivalence d’environ 30kg par femme. Soit le poids moyen de ce sac de béton chez Leroy Merlin, rien qu’en serviettes et tampons usagés (j’aime les comparaisons qui n’ont aucun sens).

trash

Et évidemment, je ne compte pas ici les déchets liés à la production renouvelée de ces produits (et oui, c’est encore du … coton ! Qu’on jette à la poubelle et qu’on rachète, encore et encore). Donc de l’eau, encore de l’eau, des pesticides (auxquels sont exposés les travailleurs des champs de coton -pour rappel la culture du coton squatte 25% des pesticides à l’échelle mondiale), encore un peu d’eau …

3) C’est cher !
Comme la plupart des produits jetables en fait. Évidemment le paquet de serviettes tout seul, pris isolément, ne semble pas cher. Additionnez tous ceux que vous achetez sur l’année …

Ce sont des produits qu’on se condamne à racheter encore et encore -forcément ! Mis bout à bout ça chiffre très vite.

Selon mes savants calculs (non), en prenant des moyennes de conso trèèèès basses et en regardant les prix sur un site de drive d’hypermarché, j’arrive à un total minimum de 57€ par an (en prenant de la marque magasin) et jusqu’à plus de 100€ par an en prenant les produits de marque ! Ça commence à faire beaucoup pour des produits qui finissent à la poubelle 🙂

Alors, comment on fait ?


  • Les règles, un phénomène naturel

Autant vous le dire tout de suite : on est dans une société qui n’a aucun problème à sexualiser les femmes pour tout et n’importe quoi, mais pour parler menstruations, c’est vade retro satanas. (#jesuisunepubsexiste #feminism #johnoliver)
Donc voir une femme à poil pour vendre une montre ou un sandwich crudités-mayo, aucun souci, par contre ne parlez surtout pas du fonctionnement de son corps, c’est sale. (c’était la minute féministe !)

C’est bien pour ça que dans les pubs pour les serviettes hygiéniques, le fameux liquide il est bleu, hein, faut pas déconner (idem dans les pubs pour les couches d’ailleurs).

Les solutions alternatives aux protections périodiques obligent à se réapproprier cet aspect du corps féminin : vous allez voir du saaaang.

screamC’est bon, hein, faut se remettre. 

Et c’est pas grave. Déjà, c’est le vôtre, pas celui de la voisine de palier.
Et c’est normal, c’est comme ça qu’on fonctionne, et ça ne sert à rien de faire genre en fait on perd pas du sang mais du Canard WC (vu la couleur dans les pubs, c’est ce que j’ai trouvé le mieux comme comparaison)

canardwcTurquoise des mers du Sud. Oui oui oui.

En plus de s’habituer à voir du sang, il faut aussi se remémorer que le sang des règles n’est pas plus sale que quand vous vous coupez le petit doigt avec une feuille de papier. La quantité est différente, mais c’est le même sang. Ça vient de vous.
Et il me semble que si vous tachez votre t-shirt en saignant du nez, vous allez nettoyer la tache, et roule ma poule. Votre t-shirt n’est pas souillé pour l’éternité éternelle. Non ?


  • La cup ou coupe menstruelle

Elle commence à être connue la petite, je crois qu’on en trouve même en supermarché maintenant ! (truc de ouf)

cupIl en existe même à paillettes, c’est dire si c’est funky. 

La cup, c’est un peu le Graal des règles. Elle recueille le sang, on la vide, on la nettoie, et c’est tout !
Comme toutes les alternatives, elle ne convient pas forcément à tout le monde, et surtout elle peut demander un temps d’adaptation. La mise en place demande un peu de pratique, au-delà du fait d’être suffisamment à l’aise avec son corps pour accepter l’idée.
La première fois que j’en ai entendu parler, j’ai été littéralement dégoûtée. Pour de vrai hein, je me suis dit que jamais je ne mettrais ça, c’est immonde, faut aller la poser à l’intérieur et ptêtre même que j’aurai un peu de sang sur les doigts.

disgustedMoi la première fois qu’on m’a parlé de la cup.

Au final, ça fait presque 5 ans que je l’utilise, et je regrette de ne pas l’avoir connue avant.
Déjà, ça revient archi moins cher : une coupe dure des années, tant qu’elle est bien entretenue.
Ensuite, ça simplifie à mort la logistique des règles : là où avant j’étais obligée de calculer combien de temps j’allais partir de la maison pour prendre le bon nombre de tampons ou serviettes avec moi, là je ne prends rien du tout. Juste la cup.

Ça m’a aussi permis de découvrir que je ne perds pas tant de sang que ça. Souvent, je ne vide ma cup que le soir en rentrant à la maison, et le matin si je dors avec. C’est tout.
Il y a des filles qui doivent la vider dans la journée. Suffit d’aller aux toilettes avec une bouteille d’eau pour la rincer, et c’est tout !

En pratique, on rince à l’eau claire, éventuellement un petit peu de savon (mais attention à bien rincer !), et c’est tout. Perso je la stérilise une fois par cycle dans de l’eau bouillante.
Aucun problème depuis cinq ans en procédant ainsi.

Donc ça a bien dédramatisé la période des règles, qui a cessé de me stresser (entre la logistique et l’impression de perdre la moitié de mon capital sanguin chaque jour …).

wrong

Pour davantage d’infos, il y a cette vidéo bien connue de Madmoizelle. Bon, Sophie dit des trucs faux aussi hein 😀 (le tampon qui se perd dans le corps, c’est une grosse légende urbaine ^^), mais dans l’ensemble c’est plutôt juste !

Alors j’en vois venir à base de « c’est pas hygiénique », « c’est pas stérile », etc.
Un tampon n’est absolument pas stérile non plus, juste pour info. Les gants en latex du gynéco non plus, à ce compte-là. Le milieu vaginal est trèèèès loin d’être stérile, et il ne faut surtout pas qu’il le soit, sinon coucou les problèmes !

Deux inconvénients :
– Il faut un peu de pratique. Les premières fois j’ai bieeen galéré pour bien la placer (maintenant je n’ai plus aucun problème)
– Il faut être à l’aise avec son corps : oui on peut avoir un peu de sang sur les doigts au début. Mais hé, on se lave les mains parfois dans la vie. Je crois.
– On ne peut plus dépanner les copines !

sorryMoi quand une copine me demande une serviette. 

EDIT du 5 juillet 2017 : une étude est en train de faire couler beaucoup d’encre, à grands renforts de titres complètement alarmistes (et faux) de certains médias, concernant le syndrôme du choc toxique et le lien avec les protections internes (tampon et cup). Je vous laisse lire cet article de Madmoizelle qui détaille bien la question -parce qu’au lieu de faire des raccourcis, ils sont allés poser la question directement au type qui est à l’origine de l’étude et qui dit bien qu' »aucune protection testée ne favorise le syndrôme du choc toxique ». Alors pas de panique, si on suit les précautions d’usage -que je ne suis pas toujours, j’avoue-, y’a pas davantage de risques avec la cup qu’avec un tampon 🙂


  • Les serviettes hygiéniques lavables

Pour une raison que j’ignore, elles rebutent davantage que la cup (et je m’inclus là-dedans, j’ai mis des années à m’y mettre alors que la cup a été un cap assez facile).

Sans doute l’idée que le sang menstruel est sale, qu’il souille irrémédiablement s’il est absorbé par un textile.
Alors que pas. Une fois que c’est lavé, c’est lavé, c’est propre, c’est bon, faut passer à autre chose. Sauf problème de confiance en votre machine à laver, mais là je peux rien pour vous.

noJe m’auto-juge. Même si c’est pas moi sur cette image.

Donc depuis une bonne année maintenant, j’utilise des SHL -petit nom des serviettes hygiéniques lavables.
Et je suis toujours vivante, je ne suis pas plus sale qu’avant, mes SHL ne puent pas, je ne pourris pas ma machine à laver, tout va bien je vous jure !

Le fonctionnement est tout bête : on rince la serviette à l’eau (froide hein), si besoin on laisse tremper et on frotte avec du savon, puis on met à la machine. Vouala.
Je n’ai à ce jour aucun problème de tache qui ne part pas (si j’ai envie je les fais tremper dans de l’eau chaude + percarbonate pour bien blanchir la fibre façon émail diamant). Ni de souci de roulement, j’ai suffisamment de serviettes pour ne pas avoir à planifier mes lessives en fonction.

Si je dois en changer dans la journée, je la plie, je la referme avec le bouton pression, et je la mets dans un petit sachet prévu à cet effet.

J’ai acheté les miennes chez Plim et chez Mitsa. On en trouve aussi en magasin bio, et chez pas mal de petits créateurs (sur Etsy par exemple). Si vous êtes adroite, vous pouvez aussi les coudre vous-mêmes.

plim2Funky hein ! Imaginez ça associé à une cup à paillettes !

En-dehors des avantages évidents en termes de déchets et d’économies (même investissement que pour la cup, les SHL durent des années !), les femmes qui utilisent du lavable sont assez nombreuses à signaler leur confort (comparé à l’effet plastique des serviettes jetables), la diminution des irritations voire des mycoses, etc. Le tout avec une super efficacité hein !

C’est tout bon, du coup 🙂

Inconvénients :
– Au début, pour tester, je n’en avais acheté que 2 ou 3, du coup forcément c’était compliqué pour faire le roulement ! Maintenant j’en ai une petite dizaine et ça convient très bien !
– On ne peut pas non plus dépanner les copines ^^


À titre personnel, je trouve que le sujet des protections périodiques fait partie des limites qui se repoussent d’elles-mêmes. C’est-à-dire qu’au début, quand on en entend parler, on s’en fait toute une montagne, en se disant qu’on ne le fera pas, que c’est pas pour nous, que c’est sale …

Et puis à mesure que l’idée fait son chemin, et qu’on avance sur d’autres aspects de sa démarche écologique, le lavable/réutilisable devient une évidence (ou du moins, il devient envisageable !). On se renseigne auprès de gens qui les utilisent déjà, on se rend compte que c’est loin d’être ce qu’on avait imaginé … Et finalement on essaie !

Je ne regrette pas une seconde d’avoir changé mes habitudes sur ce plan là aussi. Déjà parce que du coup, la poubelle de la salle de bain est quasiment tout le temps vide (plus de cotons, plus de serviettes hygiéniques, et c’est 90% de la poubelle de salle de bain qui disparaît !), donc c’est toujours une corvée en moins (#teamfeignasse).

Ensuite parce que je n’y vois pratiquement que des avantages. Entre les bénéfices sur l’environnement, la réduction des déchets, l’impact sur la santé aussi, le confort … Le très léger surplus logistique (des SHL surtout, qu’on doit laver et laisser sécher) est largement compensé, surtout que les freins habituels (c’est sale, ça doit puer, ça doit pas être efficace …) se révèlent erronés.

Encore une fois, c’est un sujet très personnel, et je me contente de vous donner des pistes ainsi que mon retour d’expérience. À vous de juger si vous avez envie d’essayer ou non 🙂

13 commentaires Ajouter un commentaire

  1. cylu dit :

    Bon grâce à j’ai adopté la cup. Par contre la grosse loose : à peine quelques jours d’utilisation et je la fait tomber dans les toilettes 😦 (au bureau sinon c’est pas drôle évidement…) Bon question à 2 balles, je stérilise et réutilise, ou j’en rachète une ?…

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    1. Wild Wild Waste dit :

      Tout dépend de ta tolérance ^^

      Tu peux la stériliser un bon 5mn, ou carrément en racheter une si tu ne te sens pas sûre de toi.

      Perso je pense que j’en rachèterais une, mais jsuis ptetre un peu trop maniaque !

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  2. Laure dit :

    Moi la cup j’y arrive pas (ou peu), disons que je la mets une demi journée par cycle et à chaque fois je me dis « j’ai un corps étranger en moi laissez moi mourir » donc bon heu je ne suis pas à l’aise avec ça. Par contre, je suis team Plim forever and ever!!! J’adore le confort et la forte absorption, j’adore leurs motifs (c’est con mais au moins t’as pas honte de laisser sécher ton linge), enfin bref j’adore et ça m’a permis d’enlever la poubelle de ma salle de bain 🙂

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  3. delphine1310 dit :

    Pour compléter au niveau de l’étude concernant le syndrome du choc toxique, il faut rappeler qu’il y a une telle chape concernant les menstruations que l’on n’informe tout simplement pas les femmes : aucune protection périodique ne doit être portée plus de 6 heures d’affilée, qu’elle soit interne ou externe, jetable ou lavable… C’est la base. Mais personne ne nous l’explique.
    Donc Marine désolée, mais la cup il ne faut pas la garder toute la journée (je faisais pareil hein, donc c’est loin d’être une critique ! C’est tellement confort qu’on peut l’oublier 😉 ) !!! Idéalement il faut également éviter les protections internes la nuit.

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  4. mam'gal dit :

    J’ai une cup, même si je ne m’en sers pas car stérilet hormonal 😉 par contre je pense aux serviettes lavables pour mes filles…Reste à franchir le pas !!

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