Acheter d’occasion : quels avantages ?

Coucou les petits loups, la semaine dernière on a commencé à discuter « seconde main » dans la première partie, en s’attardant (longuement) (désolée) sur les freins qui nous empêchent d’envisager l’occasion dans nos habitudes d’achat.

Mais hé, ne te laisse pas abattre par tes freins, petit scarabée ! (je me parle à moi-même là)

beetleMoi quand je rate une marche. 

Au-delà des réticences qu’on peut avoir -et qui peuvent être difficiles à surmonter quand elles sont très ancrées dans nos modes de fonctionnement- l’achat d’occasion a beaucoup d’avantages auxquels on ne pense pas forcément.

Alors agrippe-toi à ton chapeau, c’est parti !
(Si tu n’as pas de chapeau, agrippe-toi à autre chose, tes bretelles, ta chaussette gauche, peu importe, liberté pour tous les peuples)

Temps de lecture : 6 minutes


EDIT : sur le sujet de l’occasion, j’ai eu la chance d’intervenir en direct sur Europe 1 dans l’émission « Circuits Courts » du 8 septembre 2017. Le podcast est ici !


  • 1- Acheter d’occasion, c’est moins cher

« Merci machine », me dites-vous, « on est super contents d’être venus pour lire des trucs que tout le monde sait ».

thanksBienvenue au pays des portes ouvertes qu’on enfonce.

Mais de rien !

Plus sérieusement, par définition, un objet d’occasion coûtera moins cher que dans sa version neuve.
(On ne parle pas des antiquités d’art hein, je pense que la commode Louis XVI elle ne devait pas coûter aussi cher à l’époque –cela dit je dis ça, mais j’y connais rien, alors je me tais)

Donc la première motivation de beaucoup de gens quand ils se tournent vers l’occasion, c’est de payer moins cher.

Et n’allez pas croire que c’est moins cher parce que c’est tout pourri ! On vit juste dans un monde où le caractère « neuf » d’un objet lui confère intrinsèquement une valeur marchande supérieure. Pour une raison que j’ignore d’ailleurs.

thanksMoi quand on me dit que mon lave-vaisselle a perdu toute sa valeur parce que j’y ai lavé une cuillère. 

J’ai plein d’objets à la maison que j’ai achetés d’occasion, mais qui étaient neufs. C’est-à-dire que les gens qui me les ont vendus avaient acheté l’objet, et ne s’en étaient jamais servi. Parfois même, ils ne l’avaient jamais déballé.
C’est ainsi que, par exemple, j’ai payé ma machine à coudre à moitié prix, alors que le carton était encore scellé.

Pratique !


  • 2- L’occasion, ça permet d’arrondir les fins de mois

… ou de financer d’autres achats.
Bienvenue dans l’économie circulaire, vue sous un autre angle ! Ce qu’on achète, on le revend. Et les sous permettent d’acheter autre chose. C’est la base du commerce, non ?

Quand on revend les objets dont on ne se sert plus, on dégage un petit peu de trésorerie. Pour certains, c’est l’occasion (haha, #artisandurire) de réinvestir dans d’autres achats. Pour d’autres, c’est juste histoire d’arrondir une fin de mois difficile.

Dans tous les cas, on désencombre, et c’est pas plus mal (rappelons –et j’y suis revenue dans un autre article– que les deux plus grands luxes que l’on peut avoir dans nos vies modernes, c’est de l’espace, et du temps. Et que si t’as pas les moyens d’habiter dans 150m², tu peux déjà alléger ton quotidien en dégageant tes placards de ce qu’ils contiennent en trop).

À titre perso, quand on a emménagé, on a vendu et donné énormément de choses (des meubles, de la vaisselle, des jeux …). Quand on a vendu ces objets, ça nous a dégagé de la trésorerie pour acheter d’autres meubles (d’occasion si possible) convenant mieux au nouvel appartement. Circularité !


  • 3- L’achat d’occasion permet de moins consommer

Mais … Kesskeldi la dame ?

Si si, allez-y, asseyez-vous sur ce pouf (y’a pas de pouf, en vrai, c’est un pouf métaphorique, mais bref vous avez compris) et laissez-moi vous expliquer ma pensée.

Le recours à l’occasion ne doit pas être un prétexte pour acheter à tout-va. Non non non. Si tu es, toi aussi, dans une démarche de dé-consommation, tu sais qu’il est facile d’acheter sans se poser de questions, et de le regretter ensuite quand tu vas voir ton compte en banque (avec les mains devant la figure). On pourrait être tenté d’acheter pleiiin de trucs inutiles, « mais c’est pas grave, c’était d’occas’ et pas cher« .
Oui mais non. De la même manière que les petits achats neufs apparemment sans conséquence peuvent plomber un budget, l’occasion recèle les mêmes pièges.

scaredMoi quand j’allais consulter le solde de mon compte. Avec les jambes, tout. 

Voilà. Une fois que c’est dit, je peux mieux m’expliquer 🙂

Quand on a besoin (à vous de définir la notion de « besoin », hein) d’un truc, privilégier l’occasion oblige souvent à faire des recherches, à farfouiller (pour de vrai ou sur internet), à se renseigner, à comparer, etc.
Si en plus, on cherche un truc un peu rare, ça peut devenir long.

C’est souvent ce qui dérange certains dans le fait d’acheter d’occasion : ça peut parfois demander de l’énergie, et du temps. Le rapport énergie/satisfaction est perçu comme médiocre.

Et, dans nos sociétés où l’on est habitués à acheter vite-vite-vite, et bien on n’aime pas attendre. On ne sait plus attendre, en fait.

hurryupMoi quand je commande un truc sur Internet. 

Tout est fait pour nous inciter à acheter rapidement, sans réfléchir : les ventes-flash, les promos limitées dans le temps (coucou les soldes), les sites marchands qui conservent tes coordonnées de carte bleue comme ça t’as pas besoin de les ressaisir à nouveau ensuite, etc.
On a l’habitude d’acheter vite, sans toujours se poser les questions qui devraient aller avec (je vous renvoie à la méthode BISOU, dans le bouquin de Marie et Herveline : Besoin, Immédiateté, Semblable, Origine, Utilité).

Genre, t’as besoin (hum hum) d’une peluche en forme de théière, tu la cherches sur Amaprout, et en quatre secondes tu l’as commandée et payée. Voilà. Alors qu’au fond, que vas-tu faire d’une peluche théière ?

Quand on décide de passer sur le marché de l’occasion, et qu’on cherche quelque chose en particulier, on est obligés de se départir de cette dépendance à l’immédiateté de l’achat.
Surtout quand on passe par un particulier : quand tu cherches quelque chose sur L’Angle Correct (je m’amuse bien), il faut déjà trouver l’objet, puis convenir d’un rendez-vous avec la personne, etc.

waitingEt même que parfois, la personne elle est très en retard. Parce que c’est une personne, et pas un site ouvert 24h/24. 

Alors oui, ça peut être pénible, surtout si on est pressé. Mais au moins, ça donne le temps. Le temps de réfléchir, de se poser les (bonnes) questions, de se rétracter.
Là où on achète des trucs en sortant du boulot sans trop savoir pourquoi (mais pourquoi ai-je acheté cette robe, je n’aime même pas la couleur … Ceci est du vécu), et bien on réfléchit à sa consommation, on rationalise. On se donne le temps (et vous ai-je déjà dit le temps est un luxe moderne ?).


  • 4- On trouve des choses introuvables dans le neuf

Quand on parle d’antiquités, ça coule de source (j’ai failli écrire « ça coule de sens », mais en fait cette expression n’existe pas, et c’est bien dommage si vous voulez mon avis).

Mais ça marche aussi pour plein d’autres catégories d’objets.
Exemple personnel : ma table de salle à manger. Je voulais une table ronde mais extensible. Impossible à trouver à un prix raisonnable en neuf.
Et bah je l’ai trouvée facilement d’occasion, parce qu’un fameux suédois l’avait faite il y a quelques années, mais plus maintenant.

J’ai donc trouvé mon bonheur sur le marché de la seconde main, alors que je ne trouvais pas dans le neuf.

happydanceMoi quand j’ai trouvé la table que je voulais, en super état, pour pas cher. Oui il m’en faut peu. 

C’est déclinable très facilement, même pour des vêtements (pièces issues d’anciennes collections par exemple).

En fait, c’est dû au fait que les commerces « industriels » fonctionnent désormais presqu’uniquement par collections limitées dans le temps. En-dehors de certains classiques, toute une partie des collections disparaît au bout d’un moment, et n’est plus en vente.
Il faut du nouveau tout le temps. Pourquoi ? Parce qu’un truc que tu as déjà, tu as moyen envie de le racheter. Donc les magasins te proposent des nouveautés tout le temps, pour que tu ailles les acheter ! C’est simple, mais redoutable (mais simple).

brandnewMoi chaque fois que je rentre chez Ikéa. Même si j’y suis allée le mois d’avant.  

Dans cette recherche perpétuelle de renouvellement, si toi t’avais flashé sur un truc qui n’est plus dans la nouvelle collection, il ne te reste que tes yeux pour pleurer … ou l’achat d’occasion !

C’est à double tranchant, on est d’accord : à l’inverse, il peut être difficile de trouver ce qu’on cherche en occasion, surtout s’il s’agit d’objets ou vêtements un peu plus rares (par leur fonction, taille, couleur, style …).
Mais on n’est pas obligé de TOUT acheter d’occasion 🙂

Chez nous, on a mixé. Quand on a besoin de quelque chose, on va d’abord voir du côté de la seconde main. Si on ne trouve vraiment pas, on cherche du neuf (avec nos critères d’éthique), mais au moins on aura essayé. Personne n’est parfait 🙂

perfectSauf ce chat. 


  • 5- Acheter d’occasion, c’est produire moins de déchets

Mais qu’est-ce à dire que ceci ?

Une fois, j’ai dit ça à j’sais plus qui -appelons-le Alphonse. Alphonse m’a alors répondu « bah de toutes façons, ça finira bien par être un déchet, ça revient au même. Et puis que t’achètes du neuf ou pas, les magasins ils produisent, alors ça sert à rien« .

facepalmMoi face aux arguments d’Alphonse. 

Sur la 2e partie de cet argument alphonsien (alphonsesque ?), je renvoie à mon article sur la puissance du petit geste.

Pour la 1ère partie, c’est là que se joue tout l’intérêt du durable à la place du jetable, mais aussi celui de l’occasion. Le but, c’est de prolonger la durée de vie des objets.
Là où l’objet aurait pu finir à la poubelle (parce qu’on ne s’en sert plus), sa vie continue auprès de quelqu’un d’autre.

Quand on donne des vêtements ou des objets à des associations, on les donne en bon état (ou en tous cas, j’ose espérer, sinon honte à vous). Ils sont ensuite revendus ou donnés, et leur vie continue, au lieu de finir à la poubelle tout de suite.

Mettre un objet sur le marché de l’occasion permet à quelqu’un d’autre de ne pas acheter du neuf, et donc d’économiser les ressources nécessaires à la fabrication d’un objet neuf, mais aussi celles nécessaires au traitement du déchet. Double économie, double sauvetage de planète.

capain_planetToi aussi, écoute Captain Planet quand il te dit que jeter ses déchets dans la nature, c’est PAS cool. 

C’est un autre pendant de l’économie circulaire : l’objet tourne, il n’a pas qu’un seul cycle de vie (achat – usage unique – poubelle). Sa vie est prolongée, et plus elle l’est, moins on a besoin du neuf (« on » dans le sens « sur le marché de l’occasion », pas toi spécifiquement -sinon ça n’a pas de sens, voyons, faut suivre).

(Il y a un autre aspect de l’économie circulaire, c’est la réparation et le recyclage, mais je n’en parlerai pas ici, ce n’est pas le sujet 🙂 )


  • 6- Le recours à la seconde main est un acte solidaire

Alors, oui, pas toujours. Quand on passe sur Le Bon Coin, c’est pas forcément solidaire (quoique !).

Mais si vous achetez ou donnez dans une association, évidemment, l’aspect solidaire entre en ligne de mire. Vous aidez (en donnant ou en achetant, ou les deux !) une association à vivre, à mettre en oeuvre ses projets.
Un peu comme les ventes de gâteaux dans les écoles pour financer des sorties scolaires. (Cette comparaison est foireuse, mais c’est la seule que j’aie trouvé pour illustrer mon propos)

bakeElle devait faire un carton à la kermesse de l’école. 

Je ne m’attarde pas dessus, j’en ai suffisamment parlé dans la première partie 🙂


  • 7- Envisager l’occasion, c’est participer à un autre système

Aaah, le pouvoir du porte-monnaie … J’en avais parlé dans un autre article (ici).

Le principe est simple : si un système te déplaît, l’un des moyens de ne plus le cautionner, c’est de ne plus le financer.
Et je ne parle pas de déplacer tes investissements dans un paradis fiscal hein ; non, je parle très simplement d’essayer de moins acheter les produits ou services qui fonctionnent avec et grâce à ce système qu’on réprouve.

unicornPar exemple, tu peux choisir de financer le commerce des licornes en papier mâché. Excellent retour sur investissement.

On le fait bien quand il y a des scandales sanitaires ; pourquoi pas quand il y a des scandales éthiques ou écologiques ?

Bref, quand on achète d’occasion, on sort de l’argent du mécanisme habituel (neuf – déchet – neuf – déchet) pour l’investir dans quelque chose de plus durable, de plus solidaire aussi.

Pour ça, il faut se familiariser avec les circuits. C’est un autre aspect qui peut gêner, au début : on ne sait pas où aller. Alors qu’il y a plein de solutions, qu’on habite en ville ou non.

Au lieu d’aller acheter un grille-pain tout neuf emballé dans du plastique, tu peux le trouver sur Le Bon Coin, ou sur un groupe Facebook de troc ou de vente, ou dans une ressourcerie, ou dans un Emmaüs, voire même tu peux l’avoir gratuitement avec des sites comme Freecycle.

L’occasion se pratique naturellement, en fait. Qui n’a jamais récupéré des fringues de sa soeur/son père/son chihuahua ? Qui n’a jamais donné son ancienne lampe de chevet à un ami ? Qui n’a jamais meublé son premier appart avec des machins récupérés ici et là, dans les caves des grands-parents ou direct dans le salon des copains ?

C’est le tout premier circuit de l’occasion, le plus proche de nous. Et il nous semble moins étrange, moins connoté.
Alors tâchons d’étendre cet aspect « naturel » à tout le circuit de l’occasion ! Une fois qu’on a découvert les ressources dont on dispose, c’est beaucoup plus facile d’y recourir, et d’y chercher ce que l’on veut. C’est comme pour absolument tous les aspects de la vie : l’habitude vient en pratiquant.
Au début c’est un peu bizarre, mais on s’y fait vite, notre plasticité cérébrale s’y attache beaucoup –l’humain est un animal d’habitudes, il fait donc tout ce qu’il peut pour qu’une nouveauté devienne très vite la routine.

Alors, vous êtes prêts ?

21 commentaires Ajouter un commentaire

  1. delphine1310 dit :

    Han… la table ronde extensible !!!! J’en cherche une mais j’ai plus le nom. Donc dur de trouver… Tu t’en rappellerais pas des fois ? (et sinon oui je remonte aux origines de ton blog, c’est ma récré au boulot, ma petite pause 🙂 )

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    1. Wildwildwaste dit :

      C’est un modèle d’Ikea (mais j’ai plus le nom en tête) qu’ils ne font plus, je l’ai trouvée sur Le Bon Coin !

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      1. delphine1310 dit :

        Je vais continuer de chercher sur tous mes sites d’occas avec « table ronde » pas grave 🙂 Merci quand même !

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  2. Catherine dit :

    J’achete beaucoup d’occasions. Ici en Angleterre il y a les charity shops a chaque coin de rue et du coup tout le monde y va et ca permet de donner a une cause qu’on soutien.
    J’y achete beaucoup de mes livres et recemment, j’ai fait (un peu trop de folies dessus d’ailleurs) un tour sur vinted. Je me suis calmee depuis mais ca m’a permis de renouveller certains trucs de ma garde robe tout en revendant aussi ce que je n’utilisais pas qui etait en bon etat. J’ai encore beaucoup a faire dans la demarche de la de-commercialisation mais ca prend du temps.

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    1. Catherine dit :

      Haha pas de-commercialisation de-consommation haha

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    2. Wildwildwaste dit :

      Ah oui j’ai découvert Vinted il y a peu de temps et j’aime beaucoup !

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  3. mam'gal dit :

    ce que je kiffe (je me mets à parler comme les djeun’s) c’est de revendre au même prix, un truc que j’ai acheté d’occasion, dont je me suis servie le temps nécessaire et dont je n’ai plus besoin ! dont ça ne marche que quand l’achat a déjà été fait à moitié prix voire moins du prix du neuf !
    je suis adepte de l’occasion et de la récup à droite à gauche, surtout pour les enfants j’avoue, c’est tellement facile avec toutes les braderies, et ce que je ne vends pas, je donne. ça fait longtemps que je le fais, bien avant d’être consciemment dans une attitude de déconsommation.

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    1. Wildwildwaste dit :

      C’est super si tu as déjà cette habitude bien ancrée !
      Ça s’inscrit parfaitement dans une démarche de déconsommation 🙂
      Pour les enfants c’est vrai que ça doit être pratique, comme ça grandit vite ces machins-là (il paraît, j’en ai pas, je ne peux pas confirmer :D)

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  4. maconscienceecolo dit :

    merci pour ton article ça me motive à essayer l’occasion. Je fais partie des gens qui pensent que la proportion confort / énergie n’est pas suffisante aie aie aie… Par contre je donne ou je vends beaucoup pour me donner bonne conscience ^^

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  5. kellyac dit :

    J’ai la fameuse table ronde extensible dans mon salon, et je l’aime trop! Par contre je l’avais achetée neuve,juste avant qu’ils ne mettent fin au modèle. J’essaie de faire comme vous: toujours regarder d’abord d’occasion, puis en neuf si vrm besoin. Ou alors on fait nous meme, au moins on est surs de pas voir le meme meuble partout 😉

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