La dernière fois, on avait parlé des courses, en opposant un panier au supermarché et la même liste de courses en mode zéro déchet.
Pour continuer, je suis rentrée à la maison (encore heureux, depuis presque une semaine), et je me suis dit que je ferais bien un petit état des lieux du zéro déchet dans ma cuisine, toujours selon le fonctionnement avant/maintenant.
Je continue donc l’investigation en … ouvrant la porte de la cuisine. Vous êtes impressionnés (siouplé).
Plus précisément, je me suis intéressée aux choses présentes dans ma cuisine, et dont la vocation est de finir à la poubelle. Je parle des objets à usage unique, des jetables, ceux qu’on utilise tous les jours et qu’on jette sans même y penser. Et que j’ai essayé de quantifier, parce que la méthode scientifique, y’a que ça de vrai (je vous l’avais déjà dit).
Bienvenue à Agrabah dans la spirale du sac poubelle !
LE VORTEX INFINI DE LA POUBEEEELLE
Temps de lecture : 7 minutes
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Le stockage des aliments
AVANT
J’essaie de faire rentrer tous mes produits dans le placard.
J’ai souvent l’impression que ça déborde, et puis c’est pas très joli, tous ces paquets différents. Du carton, du plastique, plein de couleurs différentes … Et des élastiques et des pinces à linge pour maintenir les paquets fermés (parce que les soi-disant sachets refermables hein, ils le sont moyennement. Signé la fille qui n’a jamais réussi à refermer un paquet de riz).
Moi quand j’essaie de refermer ou de rouvrir un sachet de quelque chose.
En plus, étant une quiche dans l’art ancestral d’ouvrir correctement un emballage (j’ai pas eu mon diplôme « ouverture facile », c’est dire), je ne suis que trop familière du paquet de pâtes fendu sur toute la longueur, rafistolé comme on a pu avec l’adhésif normalement prévu pour le refermer. En clair, il y a souvent des coquillettes qui traînent dans le placard. Et du riz. Et de la farine.
Le fromage va au frigo (no sh*t Sherlock). Au fil des jours, le film plastique ou le papier va être abîmé, déchiré, mal remis, et le fromage va finir soit par croûter, soit par embaumer le reste du frigo (qui n’a jamais rêvé d’un yaourt parfum reblochon ?).
=> Les condamnés de la poubelle AVANT : tous les emballages alimentaires qui, une fois leur contenu terminé, n’ont d’autre utilité que d’aller remplir la poubelle.
Si on se base sur le contenu actuel de mon placard (lentilles, pâtes, riz, semoule, sel, haricots verts, gomasio, levure maltée, graines de tournesol, fruits secs, figues séchées, quinoa, graines de lin, flocons d’avoine, sésame complet, noisettes, tomates séchées, crème de soja, feuilles de laurier, thym séché, bouillon cube, haricots mungo, oignons, pommes de terre, ail, chocolat, pépites de chocolat, coco râpée, bâtons de cannelle, badiane, matcha, gousses de vanille, sucre, farine blanche, farine complète, poudre d’amande, fécule, oeufs, biscuits, levure, huile de coco, miel, sucre vanillé, cacao en poudre), on aurait eu 38 types d’emballages jetables dans le placard. À multiplier par le nombre d’exemplaires du produit achetés chaque année.
Moi face aux emballages jetables qui se déchaînent dans la poubelle.
MAINTENANT
En rentrant des courses, je prends 5mn de plus pour transvaser mes aliments secs dans leurs bocaux respectifs. J’ai surtout du verre, mais aussi un peu de plastique.
5mn c’est pas grand chose, sauf si le monde va exploser dans 45 secondes (mais alors à quoi bon ranger mes coquillettes ?).
Oui j’ai trois sortes de farines.
C’est joli, c’est harmonieux, c’est propre, mes tocs m’en remercient.
Je mets beaucoup moins de farine à côté en ouvrant le bocal qu’en ouvrant un sachet.
La conservation est meilleure, les cookies restent bien croquants ! (et c’est donc l’essentiel).
Je gagne aussi beaucoup de place, les emballages industriels étant souvent surdimensionnés par rapport au produit qu’ils contiennent.
Que c’est mignon ces petits bocaux.
Dans le frigo, mes petits fromages sont bien heureux dans leur boîte dédiée. J’évite l’arôme Saint-Nectaire dans tout l’habitacle.
=> Les condamnés de la poubelle MAINTENANT : les seuls emballages jetables sont ceux de la crème de soja, du bouillon, des haricots mungo, et de la levure. Soit 4 types d’emballages jetables.
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L’emballage, la conservation, la cuisson
AVANT
Un reste de patate ? Une part de quiche qui traîne ? Hop, un morceau de papier alu ou de cellophane, et on n’en parle plus !
Pour cuire mes meringues, mes biscuits, tapisser un moule à cake, etc … Je dégaine le papier sulfurisé. Imparable pour éviter aux cookies de coller à la plaque !
Et quand je veux congeler une soupe ou des morceaux de légumes, j’utilise des sacs congélation en plastique.
Évidemment, tous ces produits finissent à la poubelle après un usage unique. Mais c’est tellement pratique …
=> Les condamnés de la poubelle AVANT : le papier alu, le papier sulfurisé, le film étirable, les sacs congélation … Tous ces emballages sont par définition jetables.
Celui qui a déjà essayé de réutiliser un bout de cellophane sait de quoi je parle (pouvoir le déplier sans le déchirer relève du miracle religieux).
J’ai fait des estimations de consommation (très vagues puisque je n’en utilise plus).
Papier aluminium : 2 rouleaux de 30m par an minimum.
Papier sulfurisé : 2 rouleaux de 15m par an minimum.
Film étirable : 1 rouleau de 20m par an minimum.
Sacs congélation : 1 boîte de 50 sacs (3L) par an minimum.
Tout ça, à la poubelle. Comme ça, aussi facilement que ça.
MAINTENANT
Si j’ai des restes à mettre au frigo, je les place sur une assiette ou dans un bol (ou saladier), et je couvre avec un tissu (torchon, morceau de tissu…). Pour faire tenir le machin sur un saladier, je place un élastique autour.
Tous ces tissus sont de récup, les élastiques aussi.
Plus simple encore, des boîtes (c’est fou hein, toute cette ingéniosité).
Merci Buster, ça me touche.
Pour remplacer le papier sulfurisé, deux méthodes :
- étant férue de pâtisserie, j’ai investi dans un tapis de pâtisserie (essayez de le dire plusieurs fois très vite, c’est rigolo). C’est une toile siliconée, complètement anti-adhésive, hyper facile d’entretien (il suffit de passer un coup d’éponge dessus).
- pour les moules à tarte, à cake, etc : je ne mets plus de papier sulfurisé. À la place, je chemise le moule (beurre ou huile + farine). Je le faisais déjà pour certains gâteaux, alors pourquoi pas tous ? C’est tout aussi efficace qu’un papier à usage unique.
Enfin, pour la congélation, j’utilise prioritairement des boîtes (toujours de récup). J’utilise encore quelques sacs congélation, mais de moins en moins, et en les réutilisant (après lavage, évidemment).
Vous pouvez admirer ici les vestiges de rouleaux de papier alu et sulfurisé, que je n’ai pas touchés depuis des mois. Ils gisent sur l’étagère, abandonnés de tous, en proie au désespoir et à la mélancolie.
Pour les adopter, envoyez ALU au 88600.
=> Les condamnés de la poubelle MAINTENANT : aucun.
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L’essuie-tout
AVANT
Besoin d’essuyer une tâche ? Essuie-tout !
Du thé renversé ? Essuie-tout !
La lapine qui s’oublie ? Essuie-tout !
Beurrer un moule à tarte ? Essuie-tout !
Une serviette pour le dîner ? Essuie-tout !
Emporter une pomme ? Essuie-tout !
(on dirait un générique …)
=> Les condamnés de la poubelle AVANT : avec une moyenne (basse) d’un rouleau d’essuie-tout par mois, on est à 12 rouleaux par an.
D’après mes recherches (#Enquêtedaction), un rouleau classique c’est presque 12 mètres, et 50 feuilles.
On est donc à une consommation de 144 mètres d’essuie-tout, ou 600 feuilles, par an. Avec un seul rouleau par mois. Voilà. Ça calme.
Moi quand je joue au milieu de mes six cents feuilles d’essuie-tout annuelles.
MAINTENANT
J’ai une technique secrète, tellement secrète que jamais personne ne s’en serait douté.
Si je renverse un truc, j’utilise … une éponge.
TINTINTIN
L’ingéniosité a encore frappé.
Je dis ça parce que l’essuie-tout est typiquement le genre de produit parfaitement évitable, mais qui est tellement ancré dans nos habitudes qu’on ne s’imagine pas vivre sans.
Alors que c’est super facile à supprimer et remplacer, ça ne demande même pas de bouleversement dans nos habitudes …
Si je renverse un truc, j’utilise une éponge ou un chiffon.
Si j’ai besoin d’une serviette, je prends une serviette en tissu.
Si j’ai besoin de beurrer un moule, j’utilise un chiffon spécialement prévu pour ça.
Si la lapine fait des siennes, j’utilise un chiffon spécialement prévu pour elle (pas le même que celui pour beurrer les moules hein. Sauf si je cuisine pour des gens que j’aime pas).
« On parle de moi ? #bunnylife #bunnyswag #bunniesofinstagram »
En guise de chiffons, j’ai :
- des vieux machins découpés dans des chutes de tissu récupéré. Prioritairement pour la lapine, lavés séparément (pas avec les fringues quoi).
- des lingettes en fibre de bambou, achetées chez Les Tendances d’Emma, très faciles à gérer (je les mets à laver avec une machine normale. J’en ai 15, donc suffisamment pour faire le roulement sans me poser de questions). Elles durent minimum 4 ans.
Si je n’avais pas été nulle de mes dix doigts, j’en aurais fabriqué moi-même, avec des serviettes-éponge de récup, pour un coût de zéro euro virgule zéro.
=> Les condamnés de la poubelle MAINTENANT : aucun.
Mes petites lingettes lavables trop kawaii.
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Récap du trajet panier-poubelle
Si on comptabilise nos condamnés …
Avant :
- 38 types d’emballages jetables minimum. À multiplier par le nombre d’exemplaires du produit achetés chaque année, évidemment ! (Trop difficile à évaluer d’ici)
- 60 mètres d’aluminium minimum par an
- 30 mètres de papier sulfurisé minimum par an
- 20 mètres de film étirable minimum par an
- 144 mètres (ou 600 feuilles) d’essuie-tout minimum par an. Soit plus que la longueur d’un terrain de foot.
(soit 254 mètres de trucs jetables …).
Ces produits, à vocation jetable, sont une plaie pour nos poubelles. C’est un peu comme si, en rentrant des courses, vous jetiez directement dans la poubelle votre rouleau d’alu flambant neuf ou vos cinquante feuilles d’essuie-tout. (Ne le faites pas, hein, c’était pour rire, parce que j’aime l’humour)
Les gens n’ont plus d’humour.
Maintenant :
- 4 types d’emballages jetables (à multiplier par le nombre d’exemplaires du produit achetés chaque année).
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Pour finir
Les alternatives zéro déchet existent. On est sur des solutions à long terme, qui ne génèrent que peu de déchets, et qui s’utilisent aussi facilement que le produit jetable.
Si on préfère (comme moi) acheter le produit de remplacement, l’investissement de départ peut sembler élevé (29,90€ pour les lingettes), mais ce coût est très vite amorti -et si on est un peu manuel, fabriquer ses lingettes se fait à coût zéro.
À titre personnel, le changement dans la cuisine s’est fait vraiment facilement, je ne m’en rends même plus compte (alors qu’on a définitivement abandonné l’essuie-tout il y a 2 ou 3 mois à peine).
Moi quand on me demande si c’est facile de diminuer ses déchets dans la cuisine.
Ça fait donc partie des petits trucs faciles à mettre en place, qui ne prennent pas de temps, qui ne demandent pas une révolution de son quotidien, qui ne font pas de compromis sur le confort, et qui permettent une nette diminution de la quantité de déchets produits.
Je sais pas ce qu’il vous faut de plus 😉
Écoutez le monsieur.
Bonjour, comment remplacez-vous le papier aluminium pour protéger un plat lors d’une cuisson au four ?
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Ça dépend, on peut par exemple réutiliser la même feuille plusieurs fois.
Ou encore, mieux gérer la cuisson en mettant le plat plus bas, ou le mettant sur la grille et en plaçant la plaque au-dessus pour éviter trop de coloration 🙂
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Bonjour, comment remplacez-vous le papier aluminium pour protéger un plat lors d’une cuisson au four ?
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Bonjour, comment remplacez-vous le papier aluminium pour protéger un plat lors d’une cuisson au four ?
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En fait, j’utilisais beaucoup de tupp’ de récup’, mais comme ils sont très vieux, ils doivent être bourrés de bpa -entre autres- alors j’hésite aujourd’hui à les utiliser… Surtout pas d’aliments chauds… Mais pour le fromage, j’aimerai trouver autre chose que des bocaux, plus stable qu’une assiette avec une cloche… il faut que je trouve une boite pas trop profonde en verre…
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Tu peux essayer sur Le Bon Coin ou sur Freecycle !
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Bravo!!! Merci de partager ces idées, afin de substituer le durable au jetable… Petite question, dans quel contenant mettre le fromage?
Bonne route vers le zd!!!
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Hello !
Merci pour ton commentaire 🙂
Le fromage je le mets (enfin, la fromagère le met ^^) dans une boîte.
En fonction de ce que j’ai de dispo quand je vais faire les courses, c’est soit une boîte en verre, soit en plastique (type tupperware).
Celles en plastique c’est souvent de la récup, mais comme elles sont en bon état je les garde !
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Bonjour
JE ne comprend pas l’histoire des emballages. Ok on stocke dans des boites ou des bocaux en rentrant des courses mais les emballages on les jette quand même NON? Désolée pour la question mais étant dans un début de démarche je me renseigne pour faire au mieux!
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Hello !
Il est vrai que je n’ai pas reprécisé dans cet article (qui est la suite de l’article précédent), mais j’achète la majorité de mes aliments en vrac 🙂
Donc pas d’emballages à jeter !
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Bonjour,
Quelles boites utilisez vous pour la congélation ?
Merci
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Bonjour !
J’utilise ce que j’ai déjà, à savoir des boîtes en plastique.
Quand elles seront hors d’usage, je les remplacerai par du verre (qui supporte très bien la congélation du moment qu’on ne le remplit pas à ras bord, pour éviter l’éclatement)
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